Journées du patrimoine. Lyritopia poétise le château de Graveron-Sémerville
Pour les Journées du patrimoine, la compagnie Lyritopia propose une déambulation dansée dans le parc du château de Graveron-Sémerville (Eure), près d'Évreux, samedi 17 septembre.
Lyritopia présente sa première création samedi 17 septembre au château de Graveron-Sémerville ©Sophie B.
Ils dansent ensemble depuis plus de 15 ans, mais viennent tout juste de créer leur propre compagnie. Abel Lespannier et Rayan Khouani aiment la danse, toutes les danses, la poésie, les espaces vierges, les lieux atypiques et tisser du lien. Des centres d’intérêt heureusement partagés par Florence Cailleau, directrice du Kiosque d’ateliers et coordinatrice de l’Espace de vie sociale La Lanterne de Quittebeuf.
Avec elle, les deux danseurs ont mûri le projet de « mettre en lumière le patrimoine de l’Eure par le biais de l’art ». Une vaste entreprise dont la première pierre sera posée au château de Graveron-Sémerville. Il y aura de la danse, mais pas seulement : une exposition de photographies sur chevalets dans le parc permettra également de poser un regard différent sur le territoire grâce aux clichés aériens originaux d’Yves Leroy, pris… au cerf-volant !
Trois mois de travail
Le domaine privé est régulièrement ouvert à la visite pour les Journées européennes du patrimoine et ses propriétaires envisagent d’organiser davantage de manifestations. Par l’entremise de la mairie et sa première magistrate Claire Carrère-Godebout, la rencontre avec François Moreau est déterminante, « nous avons des ambitions communes ». La relecture artistique proposée par les danseurs lui plaît. En l’espace de trois mois, « nous avons créé de toutes pièces un spectacle d’une heure, rassemblé des danseurs amateurs et professionnels, prévu la mise en scène, etc. » Un travail fastidieux qui doit aboutir, samedi 17 septembre, à un spectacle de danse déambulatoire dans le parc du château. « Poétique, voire féérique, ce spectacle permettra de découvrir les extérieurs du domaine ».
Un monument historique
Le château de Graveron a été édifié en 1688, commandité par Philippe Bigot de la Turgère, conseiller au parlement de Normandie. À l’aube de la Révolution, il est racheté par la famille Féray, négociants protestants du Havre, ancêtres des actuels propriétaires. Le château est occupé par les troupes prussiennes puis allemandes durant les guerres successives de 1870, 1914-1918 et 1939-1945.
Initialement, le parc du château a été dessiné avec des parterres et des bosquets à la Française. De cette époque, il reste un réseau d’avenues qui englobe le village. Redessiné au XIXe siècle à la mode anglaise, il comporte de nombreuses essences d’arbres dont un cèdre imposant. On y trouve également une glacière du XVIIe siècle.
En 1996, la façade du château, le pigeonnier et la grille d’honneur sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
Ouvert à l’occasion des Journées du Patrimoine, le parc fera l’objet de visites commentées tout au long des deux journées. Une exposition de peinture sera également proposée dans le pigeonnier.
Douze danseurs ont répondu à l’appel, quatre hommes et huit femmes, et « tous les styles sont représentés, de la danse contemporaine au jazz en passant par le hip-hop. Notre spectacle sera hybride, l’écriture est très contemporaine ». Toujours dans l’idée de « tisser du lien », ils sont tous issus de structures déjà implantées sur Évreux : Break’Eure, la MJC, Espace Corps Pluriel. Mieux, Annie Chéron, gérante d’Espace Corps Pluriel et présidente du comité départemental de la Fédération Française de Danse, a ouvert sa salle de Gravigny à la résidence de création de ce projet. Une entraide motivante pour la toute jeune compagnie Lyritopia, officialisée pour l’occasion. Sonorisation et éclairage sur les 500 mètres du parcours, mise en scène, communication, logistique : « Tout le monde y a mis du sien et s’est serré les coudes pour voir aboutir ce projet ».
Créer un monde
Abel Lespannier et Rayan Khouani espèrent bien faire prospérer ces bonnes relations dans l’avenir et fourmillent d’idées pour l’après-Journées du patrimoine. « On aimerait continuer à investir des lieux atypiques. Sortir la danse des salles nous plaît et donne lieu à des défis créatifs très intéressants ». Alors, « dans l’optique d’apporter de la joie à tout le monde, on aimerait faire naître nos monuments, le monde de Lyritopia, pourquoi pas sur des places vides ? » Dans leur tête germe déjà un autre projet pour la fin d’année. À suivre…
Exposition de photos aériennes (19 h 30) et spectacle de danse (20 h) : samedi 17 septembre, au château de Graveron-Sémerville.
Sophie BordierPublié le 16 Sep 22 à 10:00 La Dépêche Évreux